Témoignage d’Omeed*, arrivé seul d’Afghanistan en Belgique à 15 ans.
J’ai quitté l’Afghanistan parce qu’on avait des problèmes avec les Talibans.
Mon papa était chef de la police dans le village. Ils ont envoyé une lettre pour lui dire qu’il devait arrêter son travail et travailler pour eux, sinon ils allaient tuer notre famille. Ma famille avait peur et voulait qu’il quitte la police (parce qu’elle était quand même corrompue). Mais mon père ne voulait pas trahir les gens du village, il avait des responsabilités vis-à-vis d’eux.
Finalement, un jour, on a déménagé et on a été vivre dans une autre ville. Mon papa avait un ami dont le fils voulait aller en Iran. J’ai demandé à mon père si je pouvais partir aussi, et il m’a dit oui, que ce serait mieux pour que je puisse être en sécurité. On est parti à deux. En Iran, on a décidé d’aller en Europe. On a appelé son papa qui a appelé le mien. Il m’a dit qu’on pouvait partir. J’avais 15 ans. On est passé par la Turquie, la Grèce, la Macédoine, la Croatie, l’Autriche, l’Allemagne et on est arrivé en Belgique.
Quand je suis arrivé en Belgique, j’ai appris que mon oncle était aussi en Belgique. On ne s’était plus parlé depuis que j’étais parti et on s’est retrouvé ici par hasard. J’ai été heureux de le revoir, mais en même temps, c’est à ce moment-là que j’ai appris que mon papa était mort. J’ai d’abord vécu dans un centre d’accueil près de Saint-Vith où j’ai appris l’allemand. Ensuite, j’ai été dans un logement de transit de Mentor-Escale à Bruxelles.
A Mentor-Escale, c’était très cool, j’étais très content. Mon assistante sociale m’a beaucoup aidé. Mon éducateur venait une fois par semaine dans mon logement, il regardait si tout allait bien dans l’appartement, et puis on discutait. J’ai aussi reçu de l’aide pour l’école, pour le regroupement familial… Et j’ai pu partir en camp de vacances en été, c’était très chouette ! On a nagé, joué au volleyball, au basket… C’est vrai qu’au début, quand je suis arrivé, j’étais très timide. Après ça a été mieux. Je me suis fait de nouveaux amis.
Maintenant, je vis à Anvers depuis 3 mois. J’ai été vivre à Anvers pour pouvoir être plus proche de mon oncle. Je passe du temps avec lui, parfois je vais jouer au foot avec des amis. Et je vais à l’école et j’apprends le néerlandais.
Les langues ça m’intéresse beaucoup. Au pays, je parlais le dari et un peu de pachto. J’ai aussi appris un peu d’anglais en Afghanistan et en Belgique. Aujourd’hui, j’arrive à comprendre le français, mais je trouve que je ne parle pas bien. Le néerlandais, ce n’est pas trop difficile, ça ressemble à l’allemand. Mais c’est vrai que pour le moment, je mélange beaucoup les deux langues…
Après l’école, je voudrais apprendre la photographie. J’ai commencé à faire des photos en Afghanistan. On avait un petit appareil photo à la maison. J’aime beaucoup ça !
C’est vrai que Mentor-Escale me manque. Les gens qui travaillent ici sont très gentils et très respectueux avec les jeunes alors que parfois, dans des centres, il y avait des travailleurs qui étaient racistes… A Mentor-Escale j’ai pu être moi-même.
*prénom d’emprunt
Cet entretien s’est déroulé en français et en allemand. Propos recueillis par Olivier Fagel et Sarah Gödert.